Essentiels sur l'environnement

Environnement

Les rejets dans l’air de polluants et de gaz à effet de serre de l'industrie manufacturière

L’industrie manufacturière est responsable du rejet d’une grande diversité de polluants atmosphériques, en raison de la large palette d’activités des différents secteurs industriels. Elle est notamment le premier émetteur de zinc, de sélénium, de plomb, de mercure, de chrome, de cadmium, d’arsenic, de SF6 (hexafluorure de soufre) et de PFC (perfluorocarbures) dans l’air.

Entre 1990 et 2008, les émissions de polluants dans l’air par l’industrie manufacturière ont diminué pour tous les polluants, sauf pour les HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) qui ont augmenté de 32 %). Entre 2008 et 2009, elles ont baissé pour tous les polluants, de 1 % (cuivre) à 55,9 % (As). Au cours de cette même période, celles des gaz à effet de serre ont chuté de 10,5 %.  Ces réductions d’émissions entre 2008 et 2009 peuvent s'expliquer par la réduction de l’activité de la plupart des secteurs industriels (métallurgie, fabrication de produits minéraux non métalliques…), qui subissaient la crise économique.

Les baisses les plus importantes entre 1990 et 2009 concernent des polluants pour lesquels l’industrie a une contribution nationale majeure : les polluants organiques (dioxines et furannes, - 93,8 %), les métaux (chrome, - 96,4 % ; zinc, - 94,3 %), les gaz à effet de serre (PFC, -90,8%) et les gaz acidifiants (SO2, - 77,4 %). Les rejets de l’industrie sont aussi en forte baisse pour les HCB (hexachlorobenzène, - 99,9 %) et le N2O (protoxyde d'azote, - 81 ,3 %).

L’industrie de la chimie, des minéraux non métalliques et de la métallurgie sont les plus impliqués dans les émissions de polluants dans l’air en 2009.


Contribution de l'industrie manufacturière aux émissions nationales des principaux polluants dans l'air

Polluants

Part en 2009 (en %)

Évolution 1990 - 2009 (en %)

Secteurs industriels les plus émetteurs en 2009

Gaz acidifiants, eutrophisants et photochimiques

NH3

0,5

- 53,5

Chimie (76 %)

CO

31,2

- 26,9

Métallurgie des métaux ferreux (91 %)

SO2

30,9

- 77,4

Minéraux non-métalliques et matériaux de
construction (29,3 %) et Chimie (27,2 %)

NOx

10,7

- 38,6

Minéraux non-métalliques et matériaux de construction (33,2 %)

COVNM

22,7

- 57,8

Autres industries (43,2 %)

Particules en suspension

PM1,0

8,1

- 46,4

Papier carton (25,6 %)

PM2,5

23,8

- 21,3

Minéraux non-métalliques et matériaux de construction (60,8 %)

PM10

21

- 26,8

Minéraux non-métalliques et matériaux de construction (61,3 %)

TSP

15

- 19,7

Minéraux non-métalliques et matériaux de construction (52,8 %)

Métaux

As

51,3

- 67,8

Minéraux non-métalliques et matériaux de construction (46,4 %)

Cd

68,8

- 84,5

Métallurgie des métaux ferreux (38,6 %)

Cr

54

- 96,4

Métallurgie des métaux ferreux (43 %)

Cu

7

- 68,8

Métallurgie des métaux ferreux (52,8 %)

Hg

57,5

- 77,4

Chimie (39,3 %)

Ni

32,6

- 82,9

Agro-alimentaire (31,3 %)

Pb

61 ,4

-76,3

Métallurgie des métaux ferreux (67,3 %)

Se

85,2

-12,1

Minéraux non-métalliques et matériaux de construction (86,9 %)

Zn

60,5

- 94,3

Métallurgie des métaux ferreux (52,8 %)

Polluants organiques persistants

PCDD-F

26,4

- 93,8

Métallurgie des métaux ferreux (81,9%)

PCB

50,9

- 56,6

Métallurgie des métaux ferreux (78,5%)

HCB

3,2

- 99,96

Minéraux non-métalliques et matériaux de construction (44,7%)

HAP

2,1

+ 27,3

Métallurgie des métaux non ferreux (41,5 %)

Gaz à effet
de serre

CO2

21,4

- 25,9

Minéraux non-métalliques et matériaux de construction (28,5 %)

N2O

7,7

- 81,3

Chimie (86,7 %)

CH4

0,4

- 45,5

Chimie (37,7 %)

HFC

19,5

- 31,6

Chimie (47,3 %)

PFC

100

- 90,8

Biens d’équipement et matériel de transport (85,3 %)

SF6

66,5

- 72,5

Métallurgie des métaux non ferreux (63,4 %)

Notes : France métropolitaine, industrie manufacturière hors sidérurgie, cokéfaction et raffinage ; COVNM : Composés organiques volatils non méthaniques ; PM10 : particules de taille inférieure à 10 µm ; PCDD-F : dioxines et furannes ; PCB : polychlorobiphényles ; HCB : hexachlorobenzène ; HAP : hydrocarbures aromatiques polycycliques ; TSP : particules totales en suspension ; SF6 : hexafluorure de soufre ; PFC : perfluorocarbures.
Source : Citepa (format Secten), avril 2011.

Les baisses observées dans les émissions depuis 10 ans sont imputables à l’amélioration des procédés dans les branches les plus émettrices, à la réduction de certaines activités ou à la fermeture de certains sites, ou encore à l’utilisation de sources d’énergie moins polluantes (voir tableau). Les engagements internationaux de la France, ont favorisé l’amélioration des procédés :
- la convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique (1992) et le protocole de Kyoto (1997) pour les émissions de CO2, CH4, N2O, HFC, PFC, SF6,
- la Convention sur la pollution atmosphérique transfrontalière de longue distance et ses protocoles (décision 81/462/CEE du 11 juin 1981) pour les émissions de SO2, NOx, COVNM, POP (Polluants Organiques Persistants) et métaux lourds,
- la directive sur les grandes installations de combustion (directive 2001/80/CE du 23 octobre 2001) pour les émissions de SO2, NOx,
- la directive fixant des plafonds d’émission nationaux (directive 2001/81/CE du 23 octobre 2001) pour les émissions de SO2, NOx, COVNM et NH3,
- la directive sur l’incinération des déchets (directive 2000/76/CE du 4 décembre 2000) pour les émissions de dioxines.

Principaux facteurs explicatifs des baisses d'émissions de polluants dans l'air rejetés par l’industrie manufacturière entre 1990 et 2009

Types et exemples de facteurs déterminants

Polluants les plus concernés

Modification des sources d'énergie utilisées :

→ Réduction de la teneur en soufre des combustibles, recours à des combustibles moins soufrés

SO2

→ Modification de la structure énergétique par la substitution de l'électricité et du gaz aux autres combustibles fossiles

SO2, NOx, COVNM

Gains dans l’amélioration de procédés spécifiques :

Métallurgie des métaux ferreux        
→ Amélioration par la valorisation plus importante du gaz de haut-fourneau

CO

Métallurgie des métaux ferreux
→ Amélioration des techniques de réduction (dont installations de dépoussiérage)

Cr, Ni, As, Zn, Cd, Cu, Pb, PCDD-F

Métallurgie des métaux non ferreux                                                                                                                  
→ Amélioration des techniques de réduction (dont installations de dépoussiérage)

HCB, As

Métallurgie des métaux non ferreux                                                                                                                           
→ Réduction des émissions lors de la production d'aluminium de 1ère fusion

PFC

Métallurgie des métaux non-ferreux  
→ Optimisation de l'utilisation comme gaz inertant dans les fonderies de magnésium

SF6

Chimie                                                                                                                                                                             → Réduction des émissions lors de la production de chlore

Hg

Chimie                                                                                                                                                                              → Introduction de techniques moins émettrices (pour la fabrication d'acide adipique et glyoxylique notamment)
→ Installation de dispositifs de limitation et de réduction des émissions sur les sites

N2O

PFC

Autres industries manufacturières
→ Mise en œuvre de dispositifs de réduction des émissions
→ Substitution des produits utilisés par des produits moins chlorés, à plus faible teneur en solvant

COVNM

Réduction d'activités des secteurs les plus émetteurs ou arrêt d'installations

SO2, SF6, Hg, Pb, Zn, PFC, COVNM

Note : France métropolitaine.
Source : Citepa (format Secten), avril 2011.

Les émissions de gaz à effet de serre de l’industrie manufacturière (hors secteurs de la sidérurgie et de la cokéfaction et du raffinage) ont globalement diminué entre 1990 et 2009 (- 38 %), pour atteindre 17,4 % des émissions nationales en 2009, contre 25 % en 1990. En 2009, l'industrie manufacturière est le quatrième secteur émetteur de gaz à effet de serre derrière les transports (26,4 % en 2009), l’agriculture/sylviculture (21,2 % en 2009), le résidentiel/tertiaire (19,8 % en 2009). Les activités de production (y compris l’extraction des combustibles) et de distribution d’énergie se placent en 5ème position (12,4 %).

Les gaz à effet de serre émis par l’industrie manufacturière sont principalement du dioxyde de carbone (CO2 : 90 %) loin devant le protoxyde d’azote (N2O : 5,5 %) et les gaz fluorés (4,2 %).
Les principaux secteurs industriels émetteurs de CO2 sont les industries extractrices de minéraux non métalliques et de matériaux de construction (28,5 %), la chimie (26,2 %), la métallurgie (20,8 %), et l’industrie agro-alimentaire (12,7 %).

Les émissions de CO2 de l’industrie sont aussi induites par la décarbonation, qui correspond à la transformation en CO2 du carbone contenu dans la matière première, comme par exemple, le calcaire, sous l'effet de la chaleur (entre 550 et 900°C). Les principaux secteurs d'activité concernés sont les producteurs de chaux (73,8 % de CO2 rejeté par décarbonation et 26,2 % par combustion), les cimenteries (63,4 % par décarbonation), les producteurs de tuiles et de briques (2,31 %), les verreries (16,6 %).

Les diminutions d’émissions de gaz à effet de serre sont principalement dues à une plus faible utilisation des énergies fossiles, mais aussi à l’amélioration des systèmes de traitements sur les installations de production chimique, notamment pour les émissions de N2O.

Méthodologie :

Plusieurs sources permettent d'évaluer les émissions de polluants dans l’air des activités industrielles :
- les déclarations d’émissions des installations classées sont regroupées dans une base, gérée par l’Ineris (BDRep).
- les émissions de 28 substances pour la métropole et 11 substances pour les DOM-TOM sont estimées annuellement par le Citepa (Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique, base Secten).
- les émissions de polluants dans l’air par branche d’activités sont estimées en effectuant un rapprochement entre des données économiques et des données physiques dans la base Namea (National Accounting Matrix including Environnemental Acounts).

Voir aussi :

Mis à jour le 23/11/2011