Le loup, le lynx et l’ours brun sont trois espèces
menacées et protégées. Leur cohabitation avec l’activité agropastorale
est à l’origine de controverses. Ces espèces, autrefois largement
présentes en Europe, ont vu reculer leur aire de distribution
occidentale. En France, après avoir complètement disparu du territoire
métropolitain, le loup et le lynx ont recolonisé certains massifs
montagneux de l’est et du sud. La dynamique de l’ours brun est moins
favorable, la population restant très menacée avec une trentaine
d’individus dans le massif pyrénéen.
Le loup
Le
loup gris (Canis lupus) est la plus répandue des espèces de Canidés.
Son aire de distribution couvre une partie importante de l’Eurasie et de
l’Amérique du nord. Des études génétiques récentes suggèrent que les
premières domestications, qui ont abouti au chien domestique (Canis
familiaris), remonteraient à environ 30 000 ans.
Présent sur 90 % du
territoire il y a deux siècles, le loup a disparu de France à la fin des
années 1930. Il a recolonisé naturellement le Parc national du
Mercantour en 1992 depuis la chaîne des Apennins en Italie, puis s’est
étendu dans les Alpes. La colonisation s’est poursuivie dans le Massif
central, la partie orientale des Pyrénées et les Vosges. Depuis 2011, sa
présence est signalée en périphérie est du Bassin parisien.
Le
réseau loup-lynx est coordonné par l’Office national de la chasse et de
la faune sauvage (ONCFS). Il assure le suivi des aires de répartition et
de la démographie de ces espèces. Chaque année, il relève sur le
terrain des indices qui permettent d’identifier des zones de présence
permanente (ZPP).
Le
nombre de loups présents en France durant l’hiver 2014-2015 est estimé
entre 206 et 358 individus. C’est un léger repli par rapport à l’hiver
précédent (entre 221 et 381 individus), sans pour autant remettre en
cause la dynamique d’expansion observée depuis 1993. Sur l’ensemble de
la période, les effectifs progressent en moyenne de 16 % par an.
Le
nombre de groupes de loups sédentarisés a poursuivi sa tendance à la
hausse. Il y aurait donc un tassement du nombre d’individus par groupe.
L’abondance
de proies, avec l’accroissement des populations de Cervidés et
d’Ongulés de montagne, favorise l’implantation permanente du loup en
France. Le loup exerce également une prédation sur le cheptel en zone
agropastorale. Par dérogation aux textes de protection de l’espèce, des
tirs de prélèvement sont autorisés selon une procédure encadrée.
Le lynx
Le
lynx boréal (Lynx lynx) est largement distribué en Europe et en Asie.
Ses populations septentrionales et orientales restent abondantes.
L’espèce n’est donc pas menacée d’extinction à l’échelle mondiale. En
revanche, la population française est classée « en danger » sur la liste
rouge nationale.
Le lynx était autrefois largement répandu en France
continentale. La chasse et la réduction des surfaces forestières ont
été les principales causes de sa régression. Disparu du Bassin parisien
et des Vosges au cours du XVIIe siècle, du Massif central et du Jura
dans la seconde moitié du XIXe siècle, il s’est néanmoins maintenu dans
les Alpes jusqu’au début des années 1940. Dans la chaîne pyrénéenne,
l’espèce semble s’être éteinte dans les années 1950.
La
réintroduction du lynx en Suisse, au début des années 1970, a été un
succès. Les animaux étaient d’origine slovaque et l’espèce a ensuite
recolonisé naturellement la partie française du massif jurassien dès
1974. Cette population constitue aujourd’hui le principal noyau en
France. Son effectif a été estimé autour d’une centaine d’individus en
2013. L’espèce est réintroduite dans les Vosges dans les années 1980. Un
troisième noyau est apparu dans les Alpes au début des années 1990,
très probablement en connexion démographique avec le noyau jurassien et
peut-être aussi avec la population alpine suisse. Le nombre total
d’individus présents en France n’est pas connu précisément.
À l’échelle nationale, l’aire de présence régulière ne cesse de croître depuis 1988. Cependant, cette extension s’explique uniquement par la consolidation du noyau jurassien. En effet, depuis une dizaine d’années, la tendance est à la stabilité dans les Alpes et au repli dans les Vosges.
L'ours
L'ours brun (Ursus arctos)
était historiquement répandu sous les latitudes modérées et
septentrionales des continents européen, asiatique et américain.
Autrefois
présent sur l’ensemble du territoire métropolitain (hors Corse), l’ours
a connu une chute démographique tandis qu’il était repoussé vers les
massifs montagneux. La destruction des habitats et la chasse ont
pratiquement causé l’extinction de l’espèce. Dans les années 1940, la
population pyrénéenne, seule survivante, était estimée entre 100 et 150
individus. Tombée à moins de 70, cette population a commencé à se
fragmenter en deux noyaux dans les années 1960, l’un à l’ouest, l’autre
au centre. Seuls 7 à 8 individus subsistaient dans l’ouest de la chaîne
au début des années 1990.
Une
première réintroduction a eu lieu en 1996-1997, avec des animaux issus
d’une population sauvage de Slovénie. Après la mort en 2004 de Cannelle,
la dernière femelle de souche pyrénéenne, 4 femelles et 1 mâle ont été
lâchés en 2006 dans le cadre du Plan de restauration 2006-2009 de l’ours
brun. L’objectif à long terme de ce projet était de restaurer la
population d’ours et d’assurer sa viabilité. En 2014, les effectifs sont
estimés à 31 individus : 2 dans les Pyrénées occidentales et 29 dans
les Pyrénées centro-orientales. En excluant les oursons de sexe
indéterminé, le sex-ratio est de 58 % de femelles.
Cette population
est l’une des plus menacées d’Europe du fait de son isolement. Depuis 30
ans, l’ONCFS a en charge le suivi et l’étude de l’espèce et s’appuie
sur un réseau de correspondants multipartenaires : le Réseau Ours Brun
(ROB).
Voir aussi
- http://www.oncfs.gouv.fr/index.php
(Office national de la chasse et de la faune sauvage) - Présentation des différents réseaux d’étude de la faune à l’ONCFS. - http://www.oncfs.gouv.fr/Quoi-de-neuf-Le-Bulletin-d-information-du-reseau-loup-download130
(Office national de la chasse et de la faune sauvage) – Le bulletin d’information du réseau Loup - http://www.uicn.fr/liste-rouge-mammiferes.html
(Comité français de l'UICN) - Liste rouge des mammifères de France - http://sfepm.org/loup.htm
(Société française pour l’étude et la protection des mammifères)
Mis à jour le 13/05/2016