Essentiels sur l'environnement

Environnement

Les surplus de phosphore en France

La concentration excessive de phosphore dans les eaux superficielles peut entraîner l’eutrophisation des rivières à débit lent, des lacs, des réservoirs et des zones côtières. Ce phénomène se manifeste par une prolifération d'algues bleu vert, une moindre infiltration de la lumière, la raréfaction de l'oxygène dans les eaux de surface, la disparition des invertébrés benthiques et la production de toxines nuisibles aux poissons, au bétail et aux humains.
Les sols sont également exposés au risque d'eutrophisation lorsque la quantité excessive de substances nutritives entraîne une raréfaction de l'oxygène et empêche donc les micro-organismes naturels de fonctionner correctement. Ceci affecte alors leur fertilité.

Le SDES, via son application Nopolu-Agri, a réalisé une estimation spatialisée des surplus de phosphore sur l’année 2010. En 2010, le surplus de phosphore pour la France est estimé à 268 000 tonnes, soit une moyenne nationale de 9 kg/ha de surface agricole utilisée (SAU). Ce surplus représente environ 22 % de la fertilisation phosphorée globale, ce qui signifie que 22 % des amendements en phosphore n’ont pas été utilisés par les cultures. Ces quantités ont donc été lessivées par les eaux de surface ou ont migré vers les nappes phréatiques.

Les seules sorties calculées concernent les exportations de phosphore au travers les récoltes de grains et de fourrage. Toutefois, Nopolu-Agri ne prend pas en compte les stocks dans le sol. Or, selon le type de sol, ce dernier peut fournir du phosphore en plus de celui déposé par l’agriculture de façon non négligeable.

Au niveau régional, il existe une très grande disparité : 0,22 kg/ha en Île-de France contre 34 kg par ha en Bretagne et 24 kg par ha en région Pays de la Loire.

Méthodologie

L’application Nopolu-Agri calcule et ventile les surplus de phosphore. Elle prend en compte les données du recensement agricole, des enquêtes pratiques culturales, les couches de Corine Land Cover®.

Lorsque pour une culture donnée sur un canton donné, le calcul du surplus/bilan aboutit à une valeur négative, le surplus est considéré comme nul de façon à éviter tout risque de compensation mécanique dans l’agrégation des surplus/bilans cantonaux à des territoires plus larges. Cette valeur négative peut se traduire par un flux physique réel de phosphore manquant en entrée ou en trop en sortie : incertitude du coefficient d’exportation par les cultures, zone avec import de matière organique. Certaines cultures exigeantes reçoivent plus que leur besoin (pratique de l’apport bloqué sur la culture exigeante suivie de plusieurs années sans apport, le phosphore n’est pas apporté tous les ans aux cultures). En comptabilisant les bilans négatifs obtenus dans certains cantons, le bilan/surplus national s’élèverait à un déficit de 115 000 tonnes.

Le surplus correspond donc à la quantité maximale d’élément excédentaire sur une surface agricole donnée qui risque d’être transférée vers le milieu aquatique.
Surplus = fertilisation synthétique + fertilisation organique + fixation symbiotique + déposition atmosphérique - volatilisation - export par les cultures et fourrage

Conduites par le ministère en charge de l’agriculture, les enquêtes sur les pratiques culturales décrivent les interventions des exploitants agricoles sur leurs parcelles entre une récolte et la suivante : travail du sol, semences utilisées, engrais épandus et traitements phytosanitaires. Ces enquêtes permettent notamment d’évaluer l’évolution des impacts des pratiques agricoles sur l’environnement. Elles portent sur les grandes cultures et prairies, la viticulture, les légumes et les vergers.

L’abondance de phosphore associée aux nitrates peut être à l’origine de l’eutrophisation de plans d’eau, de rivières ou de zones côtières. La mise en œuvre de la Directive cadre sur l'eau conduit à prendre en compte cet élément nutritif dans la lutte contre l’eutrophisation au sein des schémas directeurs d'aménagement et de gestion des eaux (sdage) concernés et d’en réduire les flux.

Concernant les pratiques agricoles, la règlementation résultant de l'arrêté ministériel du 30 mai 2005 relatif aux programmes d'action dispose que « lorsque les effluents issus de traitement, ou leur mélange avec des effluents bruts sont épandus sur les terres agricoles, une limitation des quantités de phosphore épandues sera fixée par le préfet en fonction des besoins par les cultures afin de limiter l'enrichissement des sols en phosphore ». Cette réglementation nationale est déclinée au niveau départemental par la prise des arrêtés préfectoraux relatifs au programme d'action introduisant un plafonnement des apports de phosphore d'origine organique et minérale à 100 kg de P2O5 par hectare de surface épandable pour les exploitations qui traitent leurs effluents d'élevage.

Pour mieux comprendre

Le phosphore dans les sols

Voir aussi…

http://www.unifa.fr/le-marche-en-chiffres/la-fertilisation-en-france.html (site Unifa)

Mis à jour le  6/05/2015