Essentiels sur l'environnement

Environnement

L’utilisation des engrais phosphorés en France

Le phosphore est un élément essentiel pour la croissance des êtres vivants. Il participe à d’innombrables processus biologiques comme le métabolisme énergétique des cellules ou la croissance osseuse chez les animaux.

    Entre 1972 et 2012, les livraisons d’engrais de synthèse ont baissé de 76 % pour le phosphore (P2O5), tandis que les surfaces fertilisables diminuaient de près de 11 %.

    Ramenées à la surface fertilisable, les quantités minérales de phosphore épandues pour la campagne 2012/2013 s’élèvent à 8,4 kg, contre 31,5 kg en 1972. Seule la moitié des surfaces de grandes cultures a reçu des engrais minéraux phosphatés. Il en résulte que les apports de phosphate minéral (P2O5) s’élèvent en moyenne à 56 kg (soit environ 24 kg de phosphore) par hectare fertilisé (source : enquête « pratiques culturales 2011 » du service de la statistique et de la prospective - SSP).

    Comme pour la fertilisation azotée, les pratiques agricoles varient fortement selon les territoires. Les régions pour lesquelles les apports de phosphates minéraux sont les plus importants sont situées sur un axe Sud-Ouest/Nord-Est et sont notamment celles qui produisent du maïs grain : Aquitaine et Alsace, où plus de 80 % des surfaces ont été fertilisées en apportant du phosphate minéral) – (source : enquête pratiques culturales grandes cultures 2011).

    Le phosphore, principalement présent sous forme de phosphate, est moins soluble que l'azote. Il est acheminé en partie par les sédiments dans les eaux superficielles et se retrouve fréquemment dans les rivières et les ruisseaux.

    La concentration excessive de phosphore dans les eaux superficielles peut entraîner l’eutrophisation des rivières à débit lent, des lacs, des réservoirs et des zones côtières. Ce phénomène se manifeste par une prolifération d'algues bleu-verte, une moindre infiltration de la lumière, la raréfaction de l'oxygène dans les eaux de surface, la disparition des invertébrés benthiques et la production de toxines nuisibles aux poissons, au bétail et aux humains.
    Les sols sont également exposés au risque d'eutrophisation lorsque la quantité excessive de substances nutritives entraîne une raréfaction de l'oxygène et empêche donc les micro-organismes naturels de fonctionner correctement.

    Seules les zones d’élevage intensif de porcs et volailles connaissent des apports en phosphore total (minéral et organique) parfois trop importants par rapport aux besoins des cultures. En effet, les épandages d’effluents organiques y sont encore souvent effectués sur la base des quantités d'azote apportées, sans tenir compte du phosphore.

    Chez les plantes, le phosphore, prélevé dans l’environnement, est accumulé principalement sous forme de phytate. Des enzymes particulières, les phytases, hydrolysent le phytate pour libérer du phosphore, utilisable pour la croissance de l’organisme.

    À la différence des plantes, les animaux d’élevage comme le porc et le poulet (monogastriques) ne peuvent utiliser comme source de phosphore le phytate présent dans une alimentation riche en matière d’origine végétale. En effet, contrairement aux ruminants, ils ne possèdent pas de phytases dans leur tube digestif. Le phosphate leur est alors apporté sous forme dite inorganique (sel minéral) ou en rajoutant une phytase dans leur alimentation. La présence de trop grandes quantités de phosphore (sel minéral et phytate) dans l’alimentation animale entraîne son rejet partiel dans l’environnement s’il n’est pas utilisé par l’animal.

    Définitions

    Surface fertilisable : terres labourables, surfaces toujours en herbe à l’exclusion des parcours et des pacages, cultures pérennes, cultures maraîchères et florales, jardins familiaux et pépinières. Elle exclut les jachères agronomiques (qui sont non fertilisées).
    Terres labourables : terres cultivées en céréales, cultures industrielles, légumes secs et protéagineux, fourrages (hors superficie toujours en herbe), tubercules, légumes de plein champ et jachères.
    Cultures permanentes : terres cultivées en vignes, vergers, pépinières ornementales, fruitières et forestières, cultures de miscanthus, jonc, mûrier, osier, arbre truffier, auxquelles s'ajoutent les terres en arbres de Noël en 2010.
    Superficies toujours en herbe : prairies naturelles ou semées depuis six ans ou plus.

    Pour mieux comprendre

    Nitrates et autres macropolluants dans les eaux

    Les sols au cœur des grands enjeux environnementaux

    Mis à jour le  6/05/2015