Essentiels sur l'environnement

Environnement

Évolution de la pollution des eaux souterraines par les nitrates

Les phénomènes de transfert des nitrates vers les eaux souterraines sont complexes. Ils dépendent de la profondeur des nappes, de la nature des sols et des niveaux géologiques qui les surmontent. Le transfert peut être rapide pour celles situées en milieu karstique ou alluvionnaire, entre quelques heures et quelques mois. Pour les autres, il prend souvent de nombreuses années. Ainsi, les nitrates piégés dans les sols, avec une vitesse moyenne d’infiltration de 1 à 2 m/an, mettront des années à atteindre les nappes à la faveur des pluies. Avec cette inertie, les temps de renouvellement de l’eau des nappes dépassent fréquemment les 10 ans.
En conséquence, les nitrates mesurés aujourd’hui dans la plupart des nappes proviennent en partie d’épandage et de rejets anciens. A contrario, les nitrates générés aujourd’hui par l’activité humaine pourront mettre des années avant d’atteindre les nappes.

Évolution des concentrations en nitrates dans les eaux souterraines depuis 1996


Selon l’indice national, les teneurs en nitrates augmentent dans les nappes de métropole jusqu’à 2001, se stabilisent pendant environ 7 ans, pour décroître ensuite lentement et revenir au niveau de 1996. Les légères fluctuations annuelles ou pluriannuelles observées peuvent s’expliquer par la pluviométrie et sa répartition dans le temps et dans l’espace.

Ainsi, le pic de 2013, peut être lié à des précipitations hivernales importantes lessivant les nitrates accumulés les années précédentes plus sèches.

Graphe : Évolution de l'indice national des nitrates dans les eaux souterraines métropolitaines


Répartition spatiale des évolutions des teneurs en nitrates dans les nappes phréatiques

Les teneurs en nitrates augmentent de plus de 0,25 mg/l/an, entre 1996 et 2014, dans des nappes déjà fortement contaminées, aboutissant pour certaines d’entre elles à des teneurs  s’approchant de 50 mg/l en 2014 (voir l’article 3 - Carte des concentrations moyennes en nitrates dans les eaux souterraines par unités hydrogéologiques en 2014). C’est notamment le cas dans les nappes du Calvados et de l’Orne en Normandie, pour la nappe de Beauce et celles à la frontière des Deux-Sèvres et de la Vienne en Nouvelle Aquitaine.

Avec moins de 0,25 mg/l/an, la progression des nitrates est plus lente dans la majorité des aquifères d’une grande moitié nord de l’Hexagone, dont les teneurs moyennes en 2014 sont comprises entre 25 et 40 mg/l, et dans les nappes du Massif central dont les teneurs restent inférieures à 25 mg/l.

Carte : Évolution des teneurs en nitrates dans les nappes phréatiques, de 1996 à 2014

Des légères améliorations sont constatées en Bretagne, en Pays de la Loire et au nord-ouest de la Camargue, même si les concentrations restent toujours élevées, leur évolution est stabilisée.

Entre 1996 et 2014, les teneurs en nitrates diminuent également dans d’autres nappes moins polluées de Bretagne, des Pays de la Loire, de la région Centre-Val de Loire, dans plusieurs départements au sud du Morvan, et en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Mais ces nappes dont la qualité s’améliore sont encore minoritaires en nombre et en surface par rapport à celles qui se dégradent.

 

Méthodologie
Les données ne sont disponibles sur l’ensemble du territoire métropolitain qu’à partir de 1996/1997.
Indice : réalisé à partir des données des réseaux de surveillance de la qualité des eaux de métropole, entre 1996 et 2014 (données insuffisantes dans les DOM), extraites de la Banque de données nationale Ades, gérée par le BRGM. Les points de mesure varient d’une année sur l’autre, en nombre et localisation. Aussi, l’indice est construit sur la moyenne arithmétique annuelle des nitrates d’un panel de points identiques au moins 2 années consécutives (indice chaîné biannuel)
Carte des évolutions des teneurs en nitrates : tous les points d’eau souterraine, tous réseaux confondus sauf industriels, de métropole et des DOM, avec au moins 10 mesures en nitrates réparties sur au moins 4 années, entre le 01/01/1996 et le 31/12/2014 sont pris en compte, avec des mesures obligatoirement présentes entre 1996 et 2000 et entre 2010 et 2014. Les analyses sont extraites de la banque Ades. Les points avec dénitrification (moyenne annuelle en nitrates <=2 mg/l ou valeur maximale <= 5 mg/l), notamment dans les nappes captives, sont exclus. Les tendances par point et par nappe sont réalisées à partir de la méthode statistique « Mann-Kendall régional » complétée par la régression de Sen-Theil. La tendance « stable » est attribuée aux points dont les teneurs évoluent, à la hausse ou à la baisse, de moins de 0,05 mg/l/an.


Voir aussi

Mis à jour le 17/01/2017