L’érosion déplace les matériaux constituant les sols essentiellement sous l’influence des pluies, souvent renforcées par les activités humaines. Ce phénomène naturel majeur de la dégradation des sols cause une perte annuelle estimée à 25 milliards de tonnes à l’échelle mondiale. Quant à l’Europe, la Commission européenne estime que 17 % de sa surface, soit 26 millions d’hectares, est affectée par l'érosion hydrique.
En France métropolitaine, l’aléa d'érosion des sols (probabilité d’occurrence d’une érosion d’une intensité donnée) moyen à très fort concerne environ un cinquième du territoire. Dans le nord de la France, les terres arables sont particulièrement vulnérables en raison d’un faible couvert végétal une partie de l’année. En revanche, dans le nord du Bassin parisien et le Sud-ouest, c’est la nature des sols particulièrement sujets à la formation d’une croûte colmatant la surface (battance), qui est à l’origine du ruissellement et de l'érosion. Enfin, l'aléa érosif élevé s’explique par l'intensité des pluies, combinée aux fortes pentes dans l'arc alpin et en Corse, ou à l'hétérogénéité des zones agricoles dans l'est de la Bretagne.
Les pertes en terre dues à l’érosion hydrique sont estimées à 1,5 t/ha/an en moyenne, avec une forte variabilité (jusqu’à 20 % du territoire affecté par des taux très élevés). Les vignobles, et dans une moindre mesure les terres cultivées et les vergers, sont les plus affectés. Les zones limoneuses du Nord et les plaines cultivées de la vallée de la Garonne sont également fortement exposées aux pertes en terre. Dans environ la moitié des régions plus de 20 % de la surface est affectée par une érosion supérieure à 2 t/ha/an : les régions de grandes cultures intensives (Centre-Val de Loire, est de la Normandie, Ile-de-France, Hauts-de-France) et est de l’Occitanie, ainsi que les régions d’élevage intensif de l’Ouest (ouest de la Normandie, Bretagne, Pays de la Loire). Or, une perte de sol supérieure à 1 t/ha/an peut être considérée comme irréversible sur une période de 50 à 100 ans.
De multiples facteurs influencent l’érosion : propriétés des sols, relief, protection par le couvert végétal ou climat. Ainsi, sur des sols limoneux particulièrement sensibles à la battance (formation d’une croûte superficielle colmatant la surface du sol favorisant le ruissellement), le ruissellement peut se déclencher sur des pentes faibles (inférieures à 5 %) et lors d’épisodes pluvieux peu importants. Si l'érosion peut arracher les plants ou les semis sur les terres agricoles, certaines pratiques peuvent limiter ces dégâts : cultures perpendiculaires à la pente, conservation des haies, techniques culturales sans labour. Néanmoins, l’érosion peut prendre des tournures catastrophiques en provoquant des coulées d’eau boueuse. Leur fréquence constitue un bon indicateur d’une érosion chronique importante des sols. Les dégâts provoqués par ces coulées font l’objet de demandes d’indemnisation au titre des catastrophes naturelles. 74 700 arrêtés ont ainsi été recensés en France entre 1982 et 2013. Sur cette période de 30 ans, un cinquième des arrêtés relatifs aux coulées de boue ont été enregistrés les deux premières années, sans doute en raison de la mise en place de cette procédure administrative. L’évolution du nombre d’arrêtés semble en partie corrélée à celle de la pluviométrie. Les pouvoirs publics disposent d’outils pour limiter la survenance des coulées : plans de préventions des risques (PPR) et documents d'urbanisme (cartes communales, Plu, Scot, DTA).
Si les pertes en terre sont estimées à 1,5 t/ha/an en France, en Europe elles atteignent en moyenne 3,6 t/ha/an pour les terres cultivées et jusqu’à 17 t/ha/an dans les vignobles (BRGM). Ces pertes s’élèvent à plus de 2,3 t/ha/an en Slovaquie, au Danemark, en République Tchèque et en Italie, représentant pratiquement le double de la moyenne européenne (1,2 t/ha/an). En revanche, les taux d’érosion se révèlent plutôt faibles dans les sols méditerranéens protégés par de nombreux fragments rocheux. Malgré tout, l’érosion y est particulièrement préjudiciable car ces sols sont souvent peu épais.
Articles liés : Risques naturels et technologiques > Risques naturels > L'exposition aux risques naturels majeurs en France Risques naturels et technologiques > Risques naturels > Les plans de prévention des risques naturels |
---|
Voir aussi
www.alimentation-sante.org/ (Fonds français alimentation et santé)
Rubrique > Documentation > Archives de l’IFN > De la terre à la table > L’érosion des sols
http://www.areas.asso.fr/ (Association régionale pour l’étude et l’amélioration des sols – Haute-Normandie)
Rubrique > Bibliothèque > Les documents AREAS > Fiches érosion
esdac.jrc.ec.europa.eu/ (European soil data center – Esdac)
Rubrique > Themes > Erosion
http://www.gissol.fr/ (Groupement d’intérêt scientifique sur les sols – Gis Sol)
Rubrique > Thématiques > Dégradations et pertes en sols
http://www.prim.net/ (Portail de la prévention des risques majeurs du Ministère de l'Environnement, de l'Energie et de la Mer)
Rubrique
> Ma commune face aux risques > consultation de la base de
données Gaspar (Gestion assistée des procédures administratives
relatives aux risques naturels et technologiques - Direction générale de
la prévention des risques)
http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/ (Service de la donnée et des études statistiques du ministère de l'Environnement, de l'Energie et de la Mer - Meem)
Accueil
> Cartographie dynamique > Cartographie interactive Géoïdd France
> Outil de visualisation statistique > Thème 12 – Environnement /
Sols et occupation des sols > Description des sols > Aléa
érosion, 2000
Mis à jour le 30/03/2017