Essentiels sur l'environnement

Environnement

Les matières extraites du territoire français

L’extraction intérieure utilisée (ou apparente) correspond aux matières extraites et produites sur le territoire français et utilisées par l’économie. On distingue trois grands groupes de matières : la biomasse, les matières minérales (minerais métalliques et minéraux) et les combustibles fossiles. L’eau n’est pas prise en compte.

Après avoir progressé de 20 % durant les années 1970, la quantité de matières extraites du territoire a globalement peu varié depuis 1990, passant de 709 millions de tonnes (Mt) en 1990 à 737 Mt en 2007, soit 11,6 tonnes par habitant (t/hab.). À partir de 2008, elle décroît pour s’établir à 636 Mt en 2013, soit 9,7 t/hab. Cette diminution est liée à la baisse de 20 % de l’extraction des matériaux de construction. En effet, ces derniers constituent 53 % de la masse totale extraite et plus de 90 % des minéraux non métalliques. Cette évolution est la conséquence de la baisse de l’activité économique dans le secteur de la construction.

L’extraction de minéraux non métalliques (industriels ou utilisés principalement dans la construction) constitue le premier flux entrant dans l’économie, atteignant 372 Mt en 2013, soit près de 6 t/hab. Les minéraux extraits sont principalement utilisés dans la construction et composés en grande partie des graviers et sables. Ces minéraux de construction représentent 53 % de l’extraction intérieure.

L’extraction intérieure apparente par matière en 2013

Catégorie de matières Exemples de matières ou de produits Extraction intérieure apparente en 2013
(en tonnes par habitant)
Minerais non métalliques Gravier, sable, ardoise, grès, granit 5,7
Matière issue de l'agriculture et de la pêche Blé, canne à sucre, pommes, poires, fourrage, paille 3,6
Biomasse issue de la sylviculture Bois de trituration, grumes 0,4
Combustibles fossiles Pétrole, charbon, gaz naturel 0,02
Minerais métalliques Fer, or, aluminium, uranium 0,003

Sources : SSP, Agreste - Unicem – SOeS, 2015 - Traitement : SOeS.

Les matières provenant de l’agriculture et de la pêche, destinées à une utilisation humaine (consommation, semences, usages industriels, transformation) ou animale (alimentation, litière), constituent le deuxième flux de matières extraites du territoire, avec 238 Mt, soit
3,6 t/hab. extraites en 2013. La production de biomasse est cependant fortement influencée par les conditions climatiques et météorologiques. La production de bois est restée constante autour d’une moyenne de 25 Mt par an (à l’exception de l’année 2000 suite à la tempête de décembre 1999).

À l’opposé, la production de combustibles fossiles, déjà faible au début des années 1970, est aujourd’hui quasi nulle du fait de l’arrêt de l’extraction du charbon, pour des raisons de coût (Lorraine, Nord – Pas-de-Calais) et de la fin d’exploitation des gisements de gaz. Les besoins relatifs à ces matières énergétiques sont comblés par des importations très importantes (pétrole, gaz). L’extraction de minerais métalliques présente la même évolution.

Cependant, l’extraction intérieure de matières premières ne se fait pas sans mobilisation ou déplacement d’autres matières non valorisées économiquement, appelées « extraction intérieure inutilisée ». Ces matières sont par exemple des résidus de récoltes laissés sur place, des terres déplacées lors de constructions, de la matière inutilisée issue de l’extraction et de l’exploitation minière… Un ou plusieurs impacts environnementaux peuvent être associés à ces mobilisations de matières : déboisement, perte de sol arable, perte d’habitats écologiques, pollution des eaux…

La somme des quantités de matières extraites utilisées apparentes (Domestic Extraction Used) et de matières inutilisées et non valorisées économiquement associées à cette extraction, donne ainsi une estimation de l’extraction intérieure totale.

Graphe : évolution des extractions intérieures apparente et totale des matières

Avec 16,8 t/hab. en 2013, cette extraction intérieure totale est 1,7 fois supérieure à l’extraction intérieure apparente. Les matériaux d’excavation retirés pour faire place aux fondations des immeubles et infrastructures sont classés comme « inutilisés ». Leur masse représente près de la moitié des matières extraites inutilisées en 2013. Les pertes de sol liées à l’érosion des terres arables, en partie causée par l’intensification de l’agriculture, en constituent 32 %. Les résidus de végétaux sans valorisation économique associés à la récolte de matières agricoles, comme le blé ou certains fourrages, ainsi qu’à la récolte de bois, représentent environ 9 % du total de l’extraction inutilisée de matières.

Dans le domaine de la pêche, le tiers environ des prises est rejeté à la mer, sans certitude sur leurs chances de survie. Ce flux, pêché par la flotte française et estimé à environ 163 000 tonnes en 2013, apparaît faible comparativement aux autres tonnages, mais il constitue un double enjeu important, environnemental et alimentaire, face au risque de déclin des ressources halieutiques.

Zoom : la biomasse et ses produits dérivés
Avec 262 Mt en 2013, l’extraction intérieure prédomine sur les importations dans l’approvisionnement en biomasse de la France. L’extraction intérieure de biomasse a très peu évolué depuis 1990, restant constituée pour moitié par les produits de la récolte primaire comme les céréales, les récoltes de betterave et de canne à sucre ou les fruits. Dans le même temps, les importations ont progressé de 60 % pour atteindre 59 Mt en 2013. Ces dernières sont constituées pour les trois quarts de produits semi-finis et finis, qui, en moyenne, entraînent à l’étranger 6 à 7 fois autant de "flux indirects associés" que leur poids importé.

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Mis à jour le  3/05/2016