Essentiels sur l'environnement

Environnement

La productivité matières et la consommation intérieure apparente de matières par habitant

La consommation intérieure apparente de matières (Domestic Material Consumption, DMC) est égale à la somme des flux de matières extraites du territoire ou importées, réduites des flux de matières exportées. Elle correspond ainsi à la quantité de matières consommées par la population présente sur le territoire pour ses besoins propres. Rapporté au produit intérieur brut (PIB), cet indicateur donne la productivité matières apparente d’une économie (PIB/DMC). L'inverse de ce ratio, qui correspond à « l’intensité matières », est également utilisé. Rapporté à la population, cet indicateur permet une comparaison internationale.

L’évolution de la consommation de matières de l’économie dépend de facteurs d’ordre à la fois démographique, économique et technique. De 1990 à 2007, la productivité matières (PIB/DMC) de l’économie française a augmenté, en moyenne, de 1,4 % par an, en raison de l’évolution technique et du changement de répartition de la valeur ajoutée entre les branches (baisse relative de l’activité industrielle au profit de celle de services). La croissance du PIB, de 40 % sur la période (soit 2 % annuels en moyenne) a induit une tendance haussière à la consommation de matières apparente.

Depuis 2008, la progression de la productivité matières s’accélère (+ 3 % par an en moyenne) en raison d’évolutions différentes de la DMC et du PIB : la consommation intérieure apparente de matières, notamment en matériaux de construction, a baissé alors que le PIB a légèrement augmenté.

Graphe : Productivité matières et consommation de matières


Entre 1990 et 2007, le découplage observé entre le PIB et la consommation intérieure apparente de matières est relatif : l’effet lié à l’augmentation de la productivité matières a été compensé par ceux résultant de la croissance du PIB par personne et de la taille de la population, de telle sorte que davantage de matières ont été mobilisées par l’économie française en 2007 qu’en début de période (pour l’analyse de ces effets, voir l’article sur « Les facteurs d'évolution du besoin en matières de l’économie »). Depuis 2008, la consommation de matières a diminué. Cette baisse peut être liée à la crise économique, en particulier sur les premières années. En 2013, la consommation intérieure de matières s’élève à 784 millions de tonnes, soit une baisse de 5 % par rapport à 1990 alors que le PIB croissait de 43 %. Cette baisse de la DMC depuis 2008, consécutive à une période haussière, trouve principalement son origine dans la contraction de l’activité dans le secteur de la construction.

Les pics de variations sur les courbes de consommation de matières (totale et par habitant) et sur celles de productivité matières sont liés à des activités économiques contribuant fortement à la DMC alors qu’elles ne représentent qu’une part modeste du PIB. C’est notamment le cas de la construction, dont les variations de la production sont notables en 1993, 1996, 2000 et 2009. Le pic enregistré en 2000 provient notamment de la tempête de décembre 1999, qui a entraîné une importante augmentation ponctuelle de la récolte de bois l’année suivante. Celui de 2003 s’explique par la baisse importante de la production de biomasse, due à la sécheresse associée à la canicule de cette année-là.

La consommation intérieure apparente de matières par habitant est restée stable, à environ 14 tonnes par habitant (t/hab.) de 1990 à 2007, avant de baisser à 12 t/hab. de 2008 à 2013. Les raisons sont identiques à celles concernant la DMC.

En 2013, la consommation intérieure apparente de matières de la France se situe légèrement en dessous de la moyenne de l’Union européenne, à un niveau proche des autres pays ouest-européens de grande taille.

Graphe : Comparaison internationale de la consommation de matières par habitant en 2013 dans l'Union européenne

Graphe : Comparaison internationale de la consommation de matières par habitant en 2011 hors Union européenne


Les pays au niveau de consommation de matières plus élevé que celui de l’Union européenne ont le plus souvent une plus faible densité de population. Il en résulte une consommation de minéraux de construction par habitant plus élevée. De plus, leur production d’électricité provient principalement de centrales thermiques à combustibles fossiles (de 70 % à 90 % pour les pays océaniens et nord-américains).

La consommation de matières dans le monde

Les travaux réalisés en 2012 par le Seri (Sustainable Europe Research Institute), bureau d’études autrichien spécialisé dans la comptabilité macroéconomique de flux de matières, et par Eurostat permettent d’établir une comparaison internationale pour l’année 2005 en termes de consommation de matières, en attendant l’actualisation des données.

L’information présentée porte à la fois sur les consommations rapportées à la taille de la population et sur les consommations totales. Dans chaque groupe (RMC (Row Material Consumption) supérieure à DMC versus RMC inférieure à DMC), les pays ou groupes de pays sont rangés par ordre décroissant de leur RMC par personne.

Graphe : Consommation de matières dans le monde en 2005. Pays pour lesquels la DMC est inférieure à la RMC

Graphe : Consommation de matières dans le monde en 2005. Pays pour lesquels la DMC est supérieure à la RMC

Cette comparaison met en évidence deux groupes de pays : ceux pour lesquels la RMC est supérieure à la DMC, et ceux qui présentent une situation inversée. Les premiers importent plus de matières premières qu’ils n’en exportent, y compris les matières utilisées en amont des importations/exportations tout au long de la chaîne de production (y figurent les États-Unis, le Japon et les principaux pays de l’Union européenne). Pour les pays du second groupe, la situation est inversée. Ce sont les pays exportateurs de matières premières, comme le Chili (dans ce cas, la différence est notamment liée aux métaux pour lesquels l’écart entre flux apparents et équivalent matières premières est important) et la Russie (les hydrocarbures présentent un différentiel moins important que les métaux entre flux apparents et équivalent matières premières). Dans ce second groupe, les niveaux de consommation de matières premières par personne de l’Inde et de la Chine étaient alors encore modestes en 2005 ; cette situation a toutefois évolué, les estimations récentes indiquant que la consommation de matières de la Chine était passée à 16,5 t/hab. en 2009 ; celle de l’Inde était alors encore de 4,2 t/hab. En 2011, leurs niveaux respectifs atteignaient 18,7 et 5 t/hab.

Dans une récente publication (« Sustainable development in the EU», 2015), Eurostat fournit une estimation de la RMC globale européenne (UE à 27 pays) pour l’année 2012 : avec 14,2 t/hab., la RMC est supérieure de 5 % à la DMC. Dix ans auparavant, en 2002, la RMC atteignait 16,6 t/hab., avec un écart de 8 %. En une décennie, au niveau européen, la RMC a diminué de près de 15 %, la DMC d’environ 13 %.

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Voir aussi :

 

 

Mis à jour le  3/05/2016